Qui mieux que soi pour raconter l’histoire de sa propre existence, le récit des péripéties de ses longues traversées et des souvenirs des rencontres qui transforment l’âme contemplative d’un enfant en adulte? Et puis arrive ce jour où l’on se surprend à être investi d’une légitimité pour dire les choix d’une vie, comme celui de faire de sa passion un métier, ou de s’en aller à des milliers de lieues de ses origines en quête de la danse, … Pour un artiste, c’est peut-être en solo qu’on y arrive le mieux. Pour Claudio Bernardo, c’est sans artifices et seul sur scène que rythmes et gestes du corps écrivent les lignes d’un parcours riche en mouvements. Il suffisait pour cela de danser le monde et de le raconter avec des gestes.
Seul, Claudio Bernardo livre une mémoire qui se déplie sous nos yeux, celle de 20 années consacrées à danser des “phrases chorégraphiques” nourries de nombreux textes littéraires qui participent de son œuvre. Tel un aveu, le chorégraphe cède les arcanes de son art, un répertoire de 40 créations et une vingtaine de collaborations au théâtre et au cinéma. Le solo finit par livrer toute sa magie par des allers-retours textuels et vidéos qui laissent la place à la liberté des oscillations dans un registre de danse contemporaine, un peu comme quand un pianiste de jazz invente de ses doigts des trouvailles lyriques au piano, plus rien ne le retient.