Après les passionnants “M’appelle Mohammed Ali” et “Cahier d’un retour au pays natal”, Étienne Minoungou s’empare des textes de l’écrivain congolais Sony Labou Tansi. Final d’une trilogie exceptionnelle.
Se faire la voix des écrits, le relais d’une pensée inachevée, méconnue et longtemps retirée dans des manuscrits. Faire vibrer ses cordes sur les mouvements des milliers d’encres
couchées là, en mots et en vers cherchant à exister autrement que par la vue, telle une urgence d’être entendues. “Si nous voulons vivre” est cette urgence-là, celle d’un comédien qui veut dire tout haut ce qu’il a lu tout bas. Le comédien fait sienne cette envie de dire l’éteint, de prédire le futur sans arrogance ni dédain pour l’actuel car “demain est mort, aujourd’hui est son cercueil”.
Si nous voulons vivre par Étienne Minoungou from
THEATRE DE NAMUR on
Vimeo.
Seul avec les mots cousus sur des fragments de textes de Sony Labou Tansi décédé en 1995, c’est une espèce de discours sur le devenir du monde qui s’expose sur scène en avertisseur des dérives d’une “économie mondiale, lieu de la fabrication du désespoir”. Et quand la musique s’avance et gagne l’espace, le monologue se change en oratorio, la voix soliloquant d’Étienne Minoungou et le souffle du saxophoniste Pierre Vaiana se rencontrent, et les doigts pinçant les cordes des instruments de Simon Winsé viennent souligner des passages poétiques de Sony Labou Tansi.