Trois hommes et une femme, perdus entre le ciel et la terre, unis par l'échec de leur vie, font route vers la Chine.
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« Difficile de résister à la magie de la langue claudélienne, à la beauté fulgurante de ses métaphores, à la puissance de ses rythmes. Les comédiens s’emparent du texte avec un naturel et une intensité remarquables, sans jamais céder à l’emphase. » - Dominique Mussche, RTBF
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Le soleil est au zénith. Sur le pont d’un bateau en plein milieu de l’océan, en direction de la Chine, Mesa et Yzé tombent éperdument amoureux. Il est jeune, diplomate et profondément croyant. Elle est mariée, mère de deux enfants et sa vie l’ennuie, profondément. S’ensuit une relation passionnelle, un questionnement sur l’amour mais aussi une recherche de sacré. La pièce commence à midi et se termine à minuit. Elle suit le mouvement de passage du soleil à la lune, un déplacement symbolique du masculin vers le féminin. Car si Paul Claudel s’est concentré sur le chemin de Mesa, la metteuse en scène rééquilibre le drame autour du couple. Après tout, Ysé ne vit-elle pas, elle aussi, un parcours initiatique la menant à la rencontre de l’autre et par là, d’elle-même ? Cette relecture donne à voir à tous notre part féminine intérieure, si précieuse pour notre équilibre car « La lune n’est visible que parce qu’elle prend le reflet du soleil ». À travers les mots si particuliers de Claudel, Héloïse Jadoul questionne les notions de grâce, c’est-à-dire de don de soi, de don gratuit mais aussi le sens donné à notre propre finitude. Un spectacle puissant, au lyrisme incandescent, qui invoque l’importance primordiale du sacré dans nos vies. VERSION de 1906 : Paul Claudel est un homme profondément croyant, son rapport à Dieu étant de nature mystique. Le thème de la religion est donc éminemment présent dans tous ses textes. C’est en 1906 qu’il couche sur le papier le récit de « Partage de Midi », inspiré de son propre drame personnel. Par pudeur et sous les conseils de son confesseur, la pièce sera mise en scène seulement quarante ans plus tard et dans une version remaniée, aux contours plus lisses. Mais Héloïse Jadoul, à l’exception de la dernière scène, a choisi de reprendre le texte original, celui qui laisse entrevoir les pulsions d’un homme brûlé à vif par la vie.