Le désir fou d’un milliardaire français de devenir belge, c’est le pitch incroyable de cette pièce désopilante. Au cœur de ses affaires fructueuses qui font proliférer sa fortune, il trouverait plus facile et plus avantageux de s’établir sur le plat pays. Et puis, ça rendrait grandement service au peuple belge, car il y investirait ses sous. Omnipotence bienveillante…
Dans son quotidien, tout est sous contrôle et il ne peut concevoir qu’un imprévu vienne s’immiscer dans son plan de carrière. Il ne faut jamais parler trop vite... L’ami des Belges est riche, très riche et a un chauffeur, mais il est aussi victime d’une panne de moteur, a les pieds dans la boue sur une route de campagne désertique et s’accompagne d’un nègre qui s’attèle pour ainsi dire « sous la contrainte » à sa biographie. Il donne de sa personne, apprend à suer comme Jacques Brel, à danser, sabots aux pieds, comme les Gilles de Binche, pense que Baudelaire est un raciste et Balzac un imbécile et aime sincèrement la Belgique.
Reflet d’une réalité quotidienne, à travers ce texte de Jean-Marie Piemme, c’est une fenêtre qui s’ouvre sur l’univers intime des marchands du monde, ceux dont le chiffre d’affaires oriente le destin des nations et détermine le sort des peuples. Une farce contemporaine qui dit l’arrogance des nantis ; un spectacle exutoire comme une grimace irrévérencieuse, jouissive, adressée aux puissants de ce monde. Fabrice Schillaci s’empare à nouveau et avec fougue de la langue vigoureuse et vivifiante de l’auteur de Dialogue d’un chien avec son Maître... et se pare d’un certain plaisir de pouvoir interpréter ce patron égocentré, la tête remplie de préjugés et d’ambitions, surpris la main dans le sac de son autosuffisance.
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